Ma sixième consultation annuelle avec le Dr House (par Florence Akouka)


Florence a rencontré le Dr House et en a profité pour se faire osculter. Si, si. Elle raconte aux Pasionarias. Sortie à Princeton-Plainsboro ou retour auprès de mon diagnosticien préféré Ce soir, je ne me prépare pas (psychologiquement) pour rigoler. Ce soir, je retrouve Gregory House. Va falloir ruser, faire preuve de perspicacité pour se faire admettre dans le saint des saints, gagner son entrevue avec le vilain docteur pour la sixième fois consécutive. N’approche pas qui veut. D’abord, il faut être un cas médicalement exceptionnel, déclaré irrécupérable (j’ai pas encore décidé si je lui sortais de mon sac ma mélioïdose, mon endométriose ectopique ou mon syndrome de Dodge-Potter… mon préféré) ; ensuite, il faut savoir susciter son attention : signer comme homme d’Eglise qui ne croit plus en Dieu ou se présenter avec un bras gauche qui vit sa vie indépendamment du reste de son corps. Qu’on ne me jette pas la pierre, pas de symptômes masochistes chez moi, si j’y vais (ou j’y retourne) ce soir, c’est aussi avec en tête une réelle volonté d’étude sociologique de cas : celui de la patiente sous le charme de son docteur (House). Et puis cinq saisons entières, sans anesthésie, à assister au cassage systématique acerbe, méchant (mais tellement drôle) du politiquement correct en référence à des sujets raciaux, religieux, sexuels (!) ça laisse des traces. Un peu comme avec la vicodine, avalée en dose de cachous tout au long des épisodes : on devient méchamment accroc. Mais pourquoi est-il si affreusement attirant ? On y est. Il se présente sans diplomatie, ou plutôt, il ne se présente pas (mais moi, je te connais) ; aucune empathie derrière la canne, pas plus que sous la barbe de trois jours. Inutile de me pommader les lèvres ou de ranger rapidement mes deux trois mèches rebelles, si je n’ai pas les pistons d’une voiture de course dignes du Dr Cuddy, aucune chance que je l’intéresse.

Mais je te connais… mon boiteux, asocial et camé jusqu’au fond des yeux, tu n’as pas gagné mon admiration et mon attention studieuse pas tes talents de sauveur de vies aux méthodes peu orthodoxes, mais par cette capacité hallucinante à l’anticonformisme, par le jusqu’au-boutisme de ta misanthropie et de ton cynisme, par cette totale absence d’inhibition que je rêve de pouvoir t’emprunter, en une phrase bien placée. Alors qu’importent les ronds de jambe et les présentations dans les règles de l’art, impersonnelles et inutiles, tu as raison, un homme qui plait, c’est un homme qui va droit au but, sûr de lui.
Et puis, soyons honnêtes, le génie et la personnalité qui va souvent de paire, une tête bien faite (mais pas forcément dans un corps bien fait…) sont incomparablement plus exaltants à côtoyer.

Et comme tu le dis si bien : « A quoi serviraient les universités sans notre capacité à juger les gens sur leurs tronches ? ».
Alors, on reprend rendez-vous pour une prochaine visite ? Difficile de rester zen face à une perspicacité mordante à mettre à nu nos plus infimes faiblesses. Quand on vient d’un monde policé où la fausse courtoisie et l’hypocrisie sont légions, la gueule de bois n’est parfois pas loin. Si si, il faut l’admettre : on ne ressort jamais totalement indemne d’une visite chez l’irascible médecin au complexe messianique. Moi, au fond, je l’aime mon docteur, parce qu’il est le méchant héros, celui qu’on rêve toutes secrètement de mettre dans son lit, ou plus prosaïquement, celui qu’on voudrait tous s’éclater à être, rien qu’une fois, parce que tout lui est permis.

Ce soir, en quittant le sofa du rendez–vous que j’aimerais voir devenir quotidien, je me dis qu’heureusement je ne suis pas hypocondriaque ; 110 épisodes d’études de cas plus alambiqués les uns que les autres, 110 épisodes à prendre en pleine poire des vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire mais ô combien jubilatoires à entendre, j’aurais pu finir aux urgences.
Sixième saison en cours de tournage aux USA, premiers épisodes visibles sur la FOX Cinquième saison officiellement téléchargeable (oui, ça veut dire qu’il faut payer un peu…) ici

Author : caricature artist Nelson Santos.


Official website: http://karikamania.no.sapo.pt/

Florance Akouka

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